VOIX VIVES 2014 SETE

Le festival de poésie Voix Vives de Méditerranée en Méditerranée s'est déroulé du 18 au 26 juillet 2014 à Sète (Hérault).

De belles rencontres, des moments forts, par exemple le 22 juillet entre 5h et 6h du matin, des ateliers d'écriture ....

Merci à Florentine Rey, Claude Muslin et Marianne Rudnicki les animatrices.

Ci-dessous un échantillon de certains de mes textes.

Dominique

D1, D’eau

Faite d’eau vive, trop forte, eau forte, faite d’eau forte qui brûle, s’attise, devient incandescente, s’enflamme dans ses propres braises.

Plonger dans l’eau pour éteindre le feu qui couve sous ses propres scories.

D’eau dedans, à 80 %, d’eau dehors, celle de la mer, d’Ulysse, des voyages, de l’errance. Qu’est ce qu’une goutte dans l’océan, dans l’eau séant. Rien, à peine née, à peine évaporée, ne laissant qu’une trace imperceptible.

D2, Musique

Clef de sol, clef de fa, sur la portée placer des notes, do, mi… Aller à la rencontre de Rémi, de Sido et de tous les autres.

La rencontre, cette musique qui fait écho, qui s’envole et vibre à travers l’univers. Celle qui se terre dans les entrailles de la douleur, de l’incompréhension, du silence.

D3, Questions

Elles surgissent, lancinantes. Qui ? Quoi ? Que ? Où ? Quomend ? Géographie du moi ? Apprivoiser le monde, l’explorer et ne rien considérer comme acquis. Apprendre, apprendre encore, implorer jusqu’à ne plus savoir quel est le sens de la question. A quoi bon tout ça ?

D4, Anagramme

Qui domine, anagramme parfaite, si parfaite qu’elle terrorise. Peur d’étouffer la vérité derrière la contre-vérité. Vouloir bien faire. Oublier d’être à force de vouloir bien faire. Alors dominée peut être par ce qui domine trop, bouillonne trop.

Dominique

21/07/2014

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Quand ils ajustent leur cravate Cardin, en soie bien sur, achetée en boutique sur l’avenue où se croisent ceux qui leur ressemblent,

Quand ils prolongent leur bras et leur main soigneusement manucurée d’un attaché-case aussi rectangulaire que leur carnet de chèque,

Quand ils accélèrent leurs pas, foulées sonores de chaussures italiennes noires en cuir lustré,

Elle disperse ses pas, chez elle, nus.

Quand, pris dans le rythme scherzo, ils gobent leurs sushis d’un bar lounge, avant de reprendre la lecture de leur tablette,

Quand ils répondent à leur 174ème appel téléphonique de la journée, quand ils parlent résultats, CAC 40, Dow Jones,  Nasdaq, Wall Street, yen et dollar,

Quand ils sont fiers d’avoir augmenté le capital de leur société à responsabilité laminante,

Quand ils pensent 35 heures, celles qu’ils font en deux jours,

Elle songe à ces heures perdues.

Quand ils pensent que l’amour, les copains, les festivals, la poésie, la musique, les sorties sont conçus pour ceux qui ont un poil dans la main,

Quand ils deviennent des pions jetés ici ou là dans la géographie exponentielle de la multinationale à laquelle ils vouent leur destin,

Quand ils parlent de perspectives de carrière, des Echos et de leurs histogrammes colorés,

Quand ils disent « C’est la vie » en pensant « C’est le boulot »,

Elle range la pile des dossiers qui n’en sont plus,

Elle sort la chemise rouge sur laquelle est écrit en lettres majuscules sordides : LICENCIEMENT,

Elle coagule sa colère, dans le circuit torturé de son sang,

Elle reste vêtue de sa liquette la plus vieille,

Elle jette son tube de fond de teint masque à la poubelle,

Elle démaquille son corps de toutes les crispations, raideur de nuque, mal de dos, cal sous les doigts,

Elle laisse ses lèvres ne plus découvrir ce sourire éternel pour les clients virtuels invisibles,

Elle lacère l’attaché case et broie les menottes,

Elle débranche tout pour s’accrocher à ses nouvelles branches,

Elle lace ses chaussures de rando,

Enfin,

Elle coupe l’herbe pour y poser son cœur.

Dominique

23/07/2014